Françoise Bedel est aussi appelée « La Grande Dame » en Champagne. Et il y a une raison à cela. Car on peut désormais conclure qu'elle a longtemps devancé les troupes. Elle s'est lancée dans la viticulture biodynamique en 1998 (les champs étaient déjà en bio à cette époque), et y a progressivement converti toute son entreprise.
L'histoire du domaine Françoise Bedel (elle est l'une des rares femmes vigneronnes de Champagne à produire sous son propre nom) commence à un moment clé de la vie de Françoise. Son fils Vincent est en très mauvaise santé et personne ne semble pouvoir faire quoi que ce soit. Françoise fait appel à un médecin homéopathe, qui réussit à aider son fils. Cela arrive à l'heure où elle reprend son domaine familial et en même temps se passionne pour l'homéopathie et la biodynamie. À cette époque, au début des années 1980, très peu de gens en avaient entendu parler. Françoise voit les bénéfices de cette façon de penser et d'agir.
Entre 1998 et 2006, elle réussit à convertir l'ensemble du domaine à la biodynamie. Les 9 hectares sont désormais cultivés selon des principes qui favorisent la santé et la vitalité de tous les organismes. Son objectif principal est de faire du vin de qualité en mettant en valeur les éléments uniques du terroir. Cela n’est possible qu’avec la compréhension, les compétences et le progrès. Tous les éléments du vignoble sont sains et équilibrés. « Sans sol sain, il n'y a pas d'effet terroir » , explique Françoise.
L'entreprise est située dans la Vallée de la Marne, à l'extrême ouest de la Champagne, dans le village de Crouttes-sur-Marne, au bord de la Marne. Plus proche de Paris que de Reims... Ses vignobles sont situés sur les deux rives et présentent des sols argilo-calcaires et alluviaux-calcaires. Une particularité de la plantation est la forte proportion de Pinot Meunier, au moins 79 % ! Le reste est du Chardonnay et un peu de Pinot Noir.
En cave, les vins sont fermentés avec des levures que Françoise sélectionne dans les vignes. Une partie en fûts de chêne pour valoriser la complexité aromatique, le reste en petits fûts émaillés pour capter la pureté du terroir. Toutes les parcelles sont vinifiées séparément. Le calendrier lunaire de Maria Thun est pris en compte tout au long du processus.
Le remuage et le dégorgement final se font à la main (!), suivis d'un dosage modeste. Tous ses vins mûrissent pendant plusieurs années avant d'être commercialisés, ce qui explique en partie pourquoi ses vins ont toujours une tonalité d'oxydation fine et modeste.